10 septembre 2025

Temps de lecture : 3 min

Plateformes IA : 82% des Français sont prêts à accepter la publicité, mais sous conditions

Selon une étude internationale réalisée par Equativ, 82% des Français utilisateurs des plateformes IA (ChatGPT, Gemini, Mistral AI, Claude AI) se disent prêts à accepter un modèle financé par la publicité, mais à condition qu’elle ne soit pas « subie ».

Crédits : Solen Feyissa

L’intelligence artificielle générative s’impose à grande vitesse dans le quotidien numérique des Français. Selon une étude internationale réalisée par Equativ auprès de 4 000 consommateurs en Amérique du Nord et six pays européens (dont 617 en France), 65 % des répondants français ont déjà testé des plateformes comme ChatGPT, Gemini, Mistral AI ou Claude AI.

ChatGPT et Gemini dominent le marché français

Parmi les solutions testées, ChatGPT (OpenAI) règne en maître : 85% des utilisateurs d’IA français y ont déjà recours (ils sont 84% à l’échelle internationale). ChatGPT devance Google Gemini (44%), Meta AI (21%) et Microsoft Copilot (21%).

Le smartphone est de loin le support privilégié (78 %) en France, ce qui confirme l’ancrage de l’IA dans les usages en itinérance. Mais près d’un utilisateur sur deux consulte aussi ces outils depuis un ordinateur, preuve d’une tendance multi-appareils.

Les attentes : précision, simplicité, rapidité

Pour beaucoup, l’IA générative devient un réflexe, comparable aux moteurs de recherche à leurs débuts. Ses principaux usages sont liés à la praticité :

  • Obtenir rapidement des faits résumés (64 %),
  • Rédiger du contenu (51 %),
  • Accomplir des tâches professionnelles (39 %).

Les attentes des Français sont claires : lorsqu’ils utilisent ces plateformes, ils recherchent de la précision (58 %), de la simplicité (56 %) et de la rapidité (54 %). À la différence des réseaux sociaux, où la tolérance à l’approximation est plus forte, la confiance envers l’IA repose sur la qualité des réponses, affirme l’étude. 37% des Français sondés ont confiance en les réponses apportées par les plateformes.

L’IA est la nouvelle porte d’entrée vers l’information

L’étude révèle un impact direct sur les pratiques numériques :

  • 34 % des Français utilisent moins les moteurs de recherche classiques,
  • 26 % fréquentent moins de sites web,
  • 25 % consomment davantage d’informations condensées.

L’IA devient ainsi une nouvelle porte d’entrée directe vers l’information, bouleversant les équilibres entre Google, les éditeurs et les plateformes sociales.

Publicité : l’ouverture des utilisateurs, sous conditions

Sur le plan économique, les consommateurs se disent prêts à accepter un modèle financé par la publicité. 82 % se déclarent ouverts à une version gratuite sponsorisée (40 % répondent « peut-être » et 42 % « oui ») et 77 % accepteraient des annonces liées aux requêtes effectuées. Mais trois conditions dominent :

  • Pouvoir désactiver la publicité (68 %),
  • En contrôler la fréquence (61 %),
  • Identifier clairement les contenus sponsorisés (48 %).

Contrairement aux réseaux sociaux, où la publicité est souvent subie, l’IA pourrait instaurer un modèle plus transparent et respectueux de l’expérience utilisateur.

Ben Skinazi, directeur marketing d’Equativ, rappelle que toutes les plateformes d’IA ne vont sans doute pas nécessairement se tourner vers la publicité car cela dépendra de leur business model.

Aujourd’hui, la plupart des plateformes misent sur le B2B, tandis que le B2C est fortement étudié, avec certains acteurs qui expérimentent déjà un modèle publicitaire (comme Perplexity aux États-Unis).

Les plateformes évoluent lentement, ce qui laisse un risque pour celui qui veut être le premier à se lancer, selon lui. « Mais elles devront tôt ou tard trouver un moyen de monétiser, même si leur valorisation actuelle reste élevée grâce à l’engouement autour de l’IA », estime-t-il.

L’objectif pour les plateformes est de trouver un modèle soutenable, notamment en termes de sources de revenus. « Les utilisateurs sont déjà habitués à la publicité en ligne et acceptent généralement que si c’est gratuit, c’est qu’ils sont le produit. Beaucoup seraient prêts à être exposés à de la publicité, à condition de ne pas payer pour le service. Mais il est important de leur laisser le choix », explique Ben Skinazi.

Si publicité il y a, elle doit être utile et contextuelle, en lien avec le sujet de la conversation ou de la recherche. « Les utilisateurs ne veulent pas être noyés sous les annonces : tant que cela ne nuit pas à l’expérience, ils l’acceptent », ajoute-t-il.

Certains formats publicitaires sont déjà explorés : par exemple, aux États-Unis, Perplexity teste des contenus sponsorisés. De la même manière, Google teste des intégrations publicitaires dans ses AI Overviews, avec un premier résultat sponsorisé en fonction de la requête (pour une recherche de destinations de voyage par exemple).

A lire également : A quoi va ressembler la publicité dans Google AI Overviews ?

Un double défi pour les acteurs du numérique

Avec l’IA générative, un nouveau cycle s’ouvre pour l’écosystème numérique. Selon Equativ, les marques et les éditeurs devront à la fois :

  • Assurer précision, efficacité et fiabilité des outils,
  • Inventer un modèle publicitaire clair et utile, capable de concilier monétisation et confiance des utilisateurs.

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