Christopher Baldelli: « T18 a été bien accueillie sur le marché publicitaire »

La naissance d’une chaîne est un événement relativement peu commun…

Oui, c’est un petit événement, parce qu’il n’y a pas eu de nouvelle chaîne hertzienne gratuite lancée en France depuis près de dix ans. La dernière, c’était France Info. Et les derniers lancements un peu plus massifs remontent à la deuxième vague de la TNT, en 2012, donc il y a presque 15 ans.

Si je devais être un peu provocateur — on me pose souvent la question — lancer une chaîne de télévision en 2025, est-ce bien raisonnable ? Est-ce que ce n’est pas un pari risqué ? Je réponds par une boutade: on l’a appelée T18, T comme télévision, donc on y croit. Cela fait au moins 20 ans qu’on annonce sa mort. Une anecdote: quand je dirigeais RTL, j’aimais citer un patron emblématique de CBS qui disait « Radio, good business », à une époque où la radio paraissait déjà dépassée. Et elle est toujours bien vivante.

La télévision reste un média extrêmement puissant dans tous les pays. Et si notre actionnaire, Daniel Kretinsky, a décidé d’investir dans ce projet, c’est parce qu’il y croit. Rappelons qu’il y a deux ans, Xavier Niel — très engagé dans le numérique — a tenté d’obtenir la fréquence d’M6. Cela prouve que la télé reste un terrain attractif.

T18 va faire partie du groupe CMI, celui de Daniel Kretinsky, avec des titres de presse, et un pure player comme Loopsider. En quoi cela compte d’être intégré à ce groupe ? Quelles synergies en tirer ?

D’abord, être dans un groupe est précieux pour le financement. La télévision reste un média coûteux, et il faut être capable d’investir à perte pendant plusieurs années. CMI est un actionnaire solide, et c’est une condition sine qua non pour se lancer.

Ensuite, le groupe n’avait pas de média audiovisuel. Nous n’avons pas pu nous appuyer sur les métiers existants du groupe. Nous avons seulement pu nous appuyer sur les services supports. Mais le groupe compte des éditeurs: ELLE, Télé 7 Jours, Fémina, Marianne, Franc-Tireur. Des synergies existent, notamment avec Loopsider sur les réseaux sociaux, ou avec Louie Media pour les podcasts.

Et puis, on a mobilisé des talents du groupe: Raphaël Enthoven qui interviendra dans notre émission quotidienne, ou encore Ava Jamshidi, rédactrice en chef de ELLE, qui participera aussi à notre grille, notamment avec son expertise sur les grandes enquêtes.

Sur la publicité, vous avez signé avec TF1 Pub. Mais est-ce que vous avez aussi des offres intégrées avec d’autres médias du groupe ?

Nous aurions pu commercialiser la chaîne nous-mêmes via la régie print de CMI, comme l’a fait le groupe L’Équipe. Mais on a jugé qu’il était plus pertinent, à court terme, de travailler avec une régie télé importante. Nous avons donc choisi TF1 Pub. Nous sommes très contents de ce choix. La chaîne a été bien accueillie sur le marché publicitaire. En juin et juillet, le taux de remplissage est déjà très élevé. Des offres croisées sont également en préparation entre la régie TF1 et celle de CMI.

Neuf marques seront présentes dès la première minute d’antenne. Peux-tu en dévoiler certaines ?

Nous avons effectivement proposé un dispositif spécifique, au-delà des achats classiques, à neuf ou dix annonceurs qui souhaitaient accompagner le lancement de la chaîne. Il a été souscrit rapidement et intégralement, avec des marques majeures de l’automobile, de la distribution ou du fast-food. Je peux citer Renault, qui diffusera le tout premier spot sur T18.

Quelles sont les grandes lignes et les échéances pour la présence numérique de T18 ?

Nous avons monté cette chaîne en un peu plus de six mois. L’enjeu immédiat, c’était la distribution linéaire, car la TNT ne représente plus qu’un quart du marché. Il fallait être présents chez tous les opérateurs, et c’est le cas. Pour l’offre délinéarisée, nous allons travailler avec les opérateurs. Cela va arriver dans les mois qui viennent. Nous avons aussi des discussions avec des plateformes purement numériques.

Sur les programmes, quelle est votre roadmap ?

Dès juin, nous avons voulu proposer une grille riche, avec des inédits et trois nouvelles émissions. Nous aurions pu attendre septembre pour « faire la rentrée ». La richesse de l’offre est au rendez-vous, à travers sa diversité: du cinéma, des documentaires, des magazines, des émissions sur l’actualité, du théâtre. Et une deuxième vague arrivera en septembre, avec sans doute de nouveaux formats et animateurs.

T18 est une chaîne gratuite, généraliste. L’ambition, c’est d’aller chercher le public le plus large possible. Ce n’est pas une chaîne élitiste, même si nous souhaitons être une chaîne qui donne du sens. Nous ne ferons pas de télé-réalité. Par exemple, nous commencerons avec le film Yves Saint Laurent, puis avec Everything Everywhere All at Once, qui a raflé sept Oscars, dont meilleur film, réalisateur et actrice