13 juin 2025

Temps de lecture : 4 min

VivaTech: rencontre avec quatre start-up de l’adtech

L'équipe de Minted était à VivaTech pour aller à la rencontre des start-ups de la publicité et du marketing digital. Nous avons échangé avec quatre d'entre elles afin d'en savoir plus sur leur concept et leurs ambitions.

Abyssale

Créée en 2019, la start-up parisienne Abyssale accompagne les marques et les agences dans l’automatisation de la production et la variation de contenus digitaux et print (du statique à la vidéo). Abyssale vise à « décharger des designers des tâches chronophages et donner un peu plus d’autonomie au marketing », explique Alexis Geslin, directeur commercial de la jeune pousse. L’objectif est de libérer les créatifs des « tâches à faible valeur ajoutée » comme l’adaptation de formats et la déclinaison. Une fois un template créé, le marketing peut générer toutes les variations nécessaires pour différentes campagnes.

Abyssale a développé une autre fonctionnalité qu’elle propose en version Beta. Elle permettra aux utilisateurs de « prompter » (donner un brief textuel) pour générer directement un design. La particularité d’Abyssale est que leur technologie « décortique tous les layers » du design généré, ce qui permet de les automatiser via l’API, contrairement à d’autres solutions qui fournissent une image non structurée.

Alessandro Stigliani, CEO d’Abyssale, insiste sur le fait que leur IA n’est pas générative au sens de « générer du nouveau contenu ». Au lieu de cela, elle « l’IA va respecter la charte graphique et repositionner les éléments ». Pour cela, la start-up se base sur un dataset de millions de bannières déjà générées via l’outil.

Incubée à Station F, Abyssale est actuellement en train de lever 3,5 millions d’euros. Elle a déjà levé plus de 2 millions d’euros auprès de sociétés d’investissement et de business angels.

Alessandro Stigliani et Alexis Geslin de Abyssale

Greenbids

Autre jeune pousse remarquée à VivaTech: Greenbids, connu désormais sous le nom de Perion Algo, qui entend réduire l’empreinte carbone des campagnes publicitaires tout en boostant leurs performances. Pour cela, la start- a mis au point un algorithme propriétaire d’optimisation carbone, aujourd’hui renforcé par son rachat par l’entreprise américaine Perion.

Là où d’autres acteurs comme Scope3 se positionnent comme mesureurs ou conseillers, GreenBids revendique une approche opérationnelle et directe : « Nous ne sommes pas des consultants empreinte carbone, mais de véritables optimiseurs », affirme Zahra Soussad, sur le stand de la jeune pousse.

Une distinction cruciale selon l’équipe, car leur algorithme, intégré aux DSP (Demand Side Platforms), agit à la source: il coupe les requêtes inutiles, élimine les emplacements publicitaires de faible qualité (dont les sites MFA, Made For Advertising), et réduit jusqu’à 60% des émissions liées à la chaîne programmatique.

Outre la baisse de l’empreinte carbone, GreenBids permet aux annonceurs d’atteindre de meilleurs résultats sur leurs KPIs: visibilité, brand safety, attention… En rationalisant le parcours publicitaire, les campagnes sont plus efficaces, plus ciblées, moins polluantes et plus rentables. L’algorithme garantit ainsi un « chemin publicitaire plus court, plus performant et moins carboné ».

Rachetée il y a un mois par le géant américain Perion, GreenBids entre dans une nouvelle phase. Ce rapprochement ouvre les portes des marchés nord-américain et moyen-oriental, avec à la clé davantage de moyens et de talents. Ce rapprochement va également lui permettre de toucher le marché du DOOH (Digital Out-of-Home).

Zahra Soussad et Yasmine Bechichi de Greenbids

Addd Inc

L’entreprise sud-coréenne Addd Inc présente à VivaTech sa solution technologique qui ambitionne de combler l’un des grands angles morts du marketing: l’absence de données précises dans les campagnes offline. Alors que le marketing digital bénéficie depuis longtemps d’analyses poussées, l’affichage numérique ou la publicité extérieure manquent encore de retours fiables sur leur efficacité selon l’entreprise.

Sa solution repose sur un duo caméra-ordinateur installé sur des écrans numériques existants. Ce dispositif capte des données granulaires sur l’audience: sexe, tranche d’âge, nombre de passants, durée d’attention… Grâce à l’analyse biométrique de 17 points corporels, le système peut capter le regard de l’individu pour déterminer s’il a réellement regardé la publicité.

L’un des piliers de la solution est sa fonction de Dynamic Play, qui permet d’adapter en temps réel le contenu diffusé selon la composition de l’audience. Si le système détecte par exemple une majorité d’hommes devant l’écran, il adapte automatiquement le message publicitaire. Taegyu Choi COO de Addd Inc, insiste sur la politique stricte de confidentialité de l’entreprise. Aucune image ni vidéo n’est enregistrée.

Actuellement déployée en Corée du Sud, y compris sur des camions publicitaires grâce à une autorisation spéciale, l’entreprise prévoit une expansion vers le Japon et le Vietnam. L’Europe, en revanche, est abordée avec plus de réserve, en raison de réglementations strictes et de la sensibilité accrue à la captation d’images.

Addd Inc s’adresse aux propriétaires de panneaux numériques et aux agences de publicité désireuses d’optimiser leurs campagnes offline. Après sept ans d’existence, dont quatre dédiés à la mise au point de cette technologie, l’entreprise ambitionne désormais de faire rayonner l’innovation coréenne à l’international.

Taegyu Choi de Addd Inc

Effigy

La jeune pousse française Effigy est spécialisée avant tout dans la relation client. Elle développe des avatars IA déjà déployés dans le commerce, la banque ou l’hôtellerie. Selon Vincent Haeffner, Directeur de production chez Effigy, ces assistants virtuels incarnent une nouvelle génération d’interfaces intelligentes, capables d’informer, d’influencer… et de vendre.

Connectés aux bases de données produits, CRM ou systèmes de stock, ils disposent d’un niveau de connaissance supérieur à celui d’un vendeur humain. Résultat: dans les supermarchés ou les banques, ils permettent de réduire de moitié le temps de recherche d’information, tout en maintenant un service fluide, sans temps mort.

Dans un supermarché, ce type de technologie pourrait aider les consommateurs à faire leur choix ou à pousser un produit avec lequel l’enseigne est en partenariat. Dans un rayon hygiène par exemple, l’avatar peut conseiller un dentifrice spécifique, parfois en lien avec des accords commerciaux invisibles pour l’utilisateur. Cette publicité intégrée au conseil ouvre de nouveaux champs au marketing: plus subtil, plus contextuel et potentiellement plus efficace. Elle soulève cependant une question éthique majeure, comme le soulève Vincent Haeffner: où finit le conseil, où commence la manipulation ?

Ces assistants ne se contentent pas de parler, ils écoutent et apprennent. Avec l’accord de l’utilisateur, leurs interactions peuvent être stockées et analysées, permettant de construire un historique client anonyme mais ultra-précis, exploitable un an ou deux plus tard. Chaque conversation devient alors une source de connaissance marketing.

Si l’Europe reste prudente, en Asie, les avatars rencontrent déjà un succès massif, portés par une acceptation culturelle plus forte des interfaces non humaines.

Vincent Haeffner de Effigy

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