16 septembre 2025

Temps de lecture : 3 min

Les Big Tech investissent des centaines de milliards dans l’IA, jusqu’au krach ?

Les géants de la tech engloutissent des sommes délirantes dans l’IA. Data centers géants, réseaux d’énergie propres... Rien n’est trop gros ni trop cher pour dominer ce secteur en plein boom. Une stratégie visionnaire ou le prélude à un krach, façon années 2000 ?

Si leur réalité est souvent virtuelle et leur intelligence artificielle, les géants du numérique dépensent des fortunes bien réelles dans des infrastructures qui le sont tout autant.

Pour garder leur tête dans le cloud, les « empereurs » de la tech ont compris qu’ils devaient avoir leurs pieds sur terre en investissant des sommes colossales dans des actifs physiques. 

Data centers géants, usines de plusieurs hectares, réseaux d’énergie propres voire même pour certains… centrales nucléaires. Rien n’est trop gros ni trop cher pour devenir le nouveau roi de l’IA.

Les chiffres ont de quoi donner le tournis. Les « 7 Fantastiques » (Meta, Alphabet, Microsoft, Amazon, Apple, Nvidia et Tesla) ont englouti ces derniers trimestres 102,5 milliards de dollars en dépenses d’investissement (« capital expenditure », alias CAPEX), si l’on en croît les calculs du Wall Street Journal

Meta prévoit, à lui seul, une enveloppe comprise entre 66 et 72 milliards de dollars pour 2025. Le cap des 100 milliards pourrait être franchi dès l’année prochaine. 

Microsoft projette, de son côté, une dépense de plus 40 milliards de dollars lors de l’exercice en cours. Alphabet a relevé son capex de 75 à 85  milliards de dollars pour 2025. Amazon prévoit, lui, d’investir 100 milliards de dollars dans ses services AWS et ses data centers IA. 

Au total, selon diverses estimations, les géants de la tech pourraient engloutir entre 350 à 414 milliards  de dollars cette année. 7000 milliards de dollars pourraient être dépensés d’ici 2030, d’après les estimations de McKinsey

L’expert et investisseur Paul Kedrosky a calculé que la part du PIB américain consacrée à l’infrastructure IA dépassait déjà celle investie lors de la bulle internet. Neil Dutta de Renaissance Macro Research, estime, quant à lui, que les investissements en faveur de l’intelligence artificielle ont davantage contribué à la croissance américaine que l’ensemble des dépenses de consommation au cours des six derniers mois.

En France, un niveau d’investissement 10 fois plus faible

La France devrait grapiller une infime part de cet immense gâteau. Lors du sommet Choose France 2025, 53 projets, représentant un investissement total de 40,8 milliards d’euros, ont été dévoilés.
Notre pays conforte ainsi sa place de première destination européenne pour les investissements internationaux, tout particulièrement dans des domaines stratégiques comme l’intelligence artificielle. 

Brookfield compte dépenser 10 milliards d’euros et créer 4000 emplois directs et indirects sur son site pilote « E-Valley » à Cambrai. MGX va s’associer avec Bpifrance, Mistral et NVidia dans un nouveau campus en Ile-de-France associant data centers, calcul de haute performance, éducation et recherche et dont le coût total pourrait approcher 8,5 milliards d’euros. Prologis va dégager une enveloppe de 6,4 milliards d’euros pour construire quatre centres de données en région parisienne, représentant une capacité totale de 584 mégawatts qui emploieraient 3400 personnes.

Digital Reality souhaite, pour sa part, investir 2,3 milliards d’euros dans deux centres de données à Marseille et à Dugny en Seine-Saint-Denis. Cette liste ne s’arrête pas là. Microsoft va en effet dépenser quatre milliards d’euros dans le développement de data centers en France pour renforcer son infrastructure dans l’intelligence artificielle (IA) et le cloud. 

Au mois de février dernier, le président de la République, Emmanuel Macron, et son homologue émirati, Mohammed Ben Zayed Al Nahyane ont, par ailleurs, signé un accord de partenariat qui prévoit la construction d’un centre de données géant qui coûtera entre 30 et 50 milliards d’euros à ériger.

Les fournisseurs se frottent les mains

Cette « course à l’échalote » fait des heureux chez les fournisseurs et les sous-traitants de ce secteur. 

Le géant taïwanais TSMC, produit plus de la moitié des semi-conducteurs du monde et la quasi-totalité des puces électroniques nécessaires au développement de l’intelligence artificielle. Il a investi, à lui seul,  près de 10 milliards de dollars au dernier trimestre dans de nouvelles capacités de production. 

CoreWeave, une société de cloud IA qui possède 32 centres de données, vient, lui, de signer un contrat de 11,9 milliards de dollars avec OpenAI.

Un crash à l’horizon ?

La période actuelle rappelle beaucoup d’autres âges d’or qui ont fini dans les larmes. Le boom des télécoms dans les années 90 s’est conclu dans un gros crash, tout comme celui des chemins de fer qui a plongé le monde dans une profonde dépression économique en 1873

La multiplication des data centers pose aussi deux autres défis majeurs. Les besoins en électricité des data centers devraient tripler d’ici 2030 et représenter une consommation supérieure à celle de la… Pologne. Cette demande pourrait avoir de graves conséquences sur la stabilité des réseaux électriques. 36% des opérateurs s’inquiètent déjà de ces risques.

La grande question à laquelle personne ne peut répondre concerne surtout la rentabilité de « l’économie IA ». Les sommes extravagantes englouties actuellement dégageront-elles une rentabilité suffisante ? Les 7 Fantastiques semblent le croire mais ce phénomène n’est-il pas commun avant l’explosion d’une bulle ? 

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