3 septembre 2025

Temps de lecture : 2 min

Google échappe à l’obligation de se séparer de Chrome, mais pourrait être contraint de partager son index

Google évite le pire. Le géant de Mountain View pourra bien conserver son navigateur Internet, qui lui permet à la fois d'asseoir sa position de leader sur le search et de collecter d'importantes données à des fins publicitaires. Mais le moteur pourrait perdre son exclusivité.

Depuis un an, et la condamnation aux Etats-Unis de Google pour abus de position dominante dans la recherche en ligne, le marché publicitaire spéculait volontiers sur les conséquences d’une vente forcée de Chrome, de très loin le navigateur Internet le plus utilisé du monde – et véritable aspirateur à données personnelles. En réalité, cette voie extrême, à laquelle avaient déjà échappé Microsoft et IBM, n’était pas la plus probable.

Mardi 2 septembre, le juge Amit Mehta est allé dans ce sens: la cession de Chrome ne fait pas partie des remèdes structurels qu’il a imposés à Google, dans le cadre de la procédure antitrust lancée en 2020 par le ministère américain de la Justice (DOJ). « Cela aurait été incroyablement complexe et particulièrement risqué », justifie-t-il dans son verdict. Et d’ajouter que cela aurait probablement provoqué « une nette dégradation du produit » au détriment de ses utilisateurs.

Le magistrat a aussi écarté une interdiction des accords commerciaux noués ces dernières années avec Apple ou Mozilla, qui lui permettent d’être le moteur de recherche par défaut sur les navigateurs Safari et Firefox, les deux principaux concurrents de Chrome. Et donc d’asseoir sa position hégémonique sur la recherche en ligne, en utilisant sa force de frappe financière pour limiter l’émergence de moteurs rivaux. Seul changement: ces accords ne pourront plus être exclusifs.

Pour Google, fini l’exclusivité de ses résultats de recherche ?

Le juge a opté pour des remèdes moins drastiques. Il souhaite simplement contraindre Google à partager une partie de son index de recherche, c’est-à-dire toutes les pages Internet que ses robots ont identifiées, avec les autres moteurs de recherche. Ce partage ne pourra avoir lieu qu’une seule fois, et non périodiquement comme réclamé par le DOJ. Par ailleurs, les concurrents pourront payer une licence à Google pour utiliser ses résultats de recherche sur leurs propres services.

Chrome est doublement important pour Google. D’une part, le navigateur, dont la part de marché s’établit à 70%, selon les estimations du cabinet StatCounter, est la meilleure plateforme de distribution de son moteur de recherche.

Celui-ci y est en effet défini par défaut (sauf en Europe où un écran de sélection a été rendu obligatoire par le Digital Markets Act), envoyant directement d’innombrables requêtes vers Google plutôt que vers Bing ou DuckDuckGo.

D’autre part, Chrome offre à Google la possibilité de collecter les données de navigation et les centres d’intérêt des internautes, permettant d’alimenter des algorithmes de ciblage publicitaire. En outre, la position dominante du navigateur lui permet de garder la main sur l’avenir des cookies tiers, que la société a finalement décidé de conserver en avril, faute d’avoir pu trouver une alternative permettant de satisfaire à la fois les éditeurs de presse, les annonceurs et les régulateurs.

Menace aussi sur Doubleclick et AdX

Il est important de noter que ces remèdes ne sont pas encore définitifs. Ils ne seront validés qu’au cours des prochaines semaines. Surtout, Google va très probablement faire appel de sa condamnation, potentiellement jusqu’à la Cour suprême des Etats-Unis. Le DOJ pourrait aussi contester les remèdes proposés par le juge. Autrement dit: la procédure devrait encore prendre des années.

Par ailleurs, une deuxième menace de démantèlement pèse toujours sur Google, reconnu coupable au printemps de monopole illégal sur le marché des technologies publicitaires, plus précisément sur ceux des serveurs publicitaires et des plateformes d’enchères. Une audience doit avoir lieu en septembre prochain pour déterminer les mesures correctives: une vente de DoubleClick et/ou d’AdX fait partie des possibilités.

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