2 juin 2025
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Ces dernières semaines, Meta s’est lancé dans une grande opération de communication pour demander à l’Europe de mettre en place “une réglementation exigeant la vérification de l’âge et un accord parental” sur les boutiques d’applications mobiles.
Pourtant, la maison mère de Facebook et d’Instagram est généralement vent debout contre tout projet d’encadrement à Bruxelles. Et elle aurait aussi beaucoup à perdre d’une telle mesure: il serait alors beaucoup plus difficile pour les adolescents d’utiliser ses deux réseaux sociaux. Mais ce scénario serait en réalité un moindre mal pour la société: il lui éviterait d’endosser la responsabilité juridique de contrôler, elle-même, l’âge. Et d’être sanctionnée en cas de manquements.
Après des années de laisser-faire, Meta a bien conscience que les régulateurs souhaitent désormais lutter contre les effets néfastes des plateformes sociales chez les enfants et les adolescents. Officiellement, celles-ci n’autorisent pas les inscriptions avant 13 ans. En pratique, il suffit cependant de renseigner une fausse date de naissance. En France, 63% des moins de 13 ans ont ainsi au moins un compte, selon une enquête de la Cnil.
En Australie, une loi interdisant les réseaux sociaux aux moins de 16 ans a été adoptée en novembre. Elle entrera en vigueur d’ici à la fin de l’année. Des projets de réglementation sont aussi en cours aux États-Unis. Et la France a annoncé sa volonté de légiférer. Enfin, le Digital Services Act européen impose aux réseaux sociaux des mesures pour protéger les mineurs des risques d’addictions.
Deux visions s’affrontent sur le contrôle de l’âge. Meta estime que celui-ci serait plus efficace au niveau des boutiques, permettant de ne l’effectuer qu’une seule fois. Les utilisateurs seraient ensuite autorisés ou non à télécharger des applications. La société dirigée par Mark Zuckerberg peut compter sur le soutien de ses rivales, comme Snapchat et X, et d’associations de protection de l’enfance.
En face, Apple et Google assurent que cette responsabilité doit reposer sur chaque développeur. Les deux géants, qui possèdent les deux principales boutiques d’applications, mettent notamment en avant des risques sur la protection de la vie privée.
Dans les deux camps, aucune entreprise ne veut prendre en charge les coûts liés à un système de vérification de l’âge. Et encore moins s’exposer à d’éventuelles amendes ou poursuites judiciaires. Conscient de cette menace, Meta mène une intense campagne de lobbying. Lancée fin 2023, celle-ci s’est nettement accentuée ces derniers mois, d’abord aux États-Unis. Avec succès.
En avril, l’Utah a ainsi été le premier État américain à imposer un contrôle de l’âge par les boutiques d’applications. La semaine dernière, le Texas a suivi la même voie, malgré un coup de téléphone de Tim Cook, le patron d’Apple, au gouverneur texan. Plusieurs autres États discutent de textes similaires. L’entreprise de Menlo Park est aussi très active à Washington pour obtenir un texte au niveau fédéral.
En Europe, Meta part cependant de plus loin. Le mois dernier, Clara Chappaz a ainsi expliqué que les réseaux sociaux seront chargés de la vérification dans la proposition de réglementation qu’elle souhaite porter devant la Commission européenne.
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