6 octobre 2025

Temps de lecture : 5 min

Adelia veut simplifier l’achat média pour les PME grâce à l’IA

La start-up Adélia mise sur l'utilisation de l'IA et de la data science pour démocratiser l'achat de paid média de qualité pour les PME en deux minutes. La jeune pousse entend ainsi ouvrir aux petites structures l’accès à des inventaires premium jusqu’ici réservés aux grands annonceurs dès fin octobre. Rencontre avec Charles Derréal et Oscar Péribère, co-fondateurs d’Adélia.

Charles Derréal et Oscar Péribère, co-fondateurs d’Adélia.

Pourquoi avez-vous décidé de lancer cette nouvelle entreprise, Adelia et quels sont vos profils en tant que fondateurs ?

Charles Derréal : Nous avons lancé Adelia car nous partagions une vision. Nos profils sont très complémentaires et c’est d’ailleurs ce qui fait l’une de nos forces. Je suis un expert de l’industrie depuis 15 ans, notamment dans les médias digitaux. Je connais le marché, les gens et les inventaires en ayant notamment travaillé pour Making Science.

Oscar Péribère : Je ne suis pas issu du secteur de l’adtech à la base. J’ai passé cinq ans dans un fonds d’investissement à accompagner des entreprises (comme la marketplace Choose ou la billetterie Shotgun). J’ai pu constater que le média, s’il est maîtrisé, représentait le facteur de succès pour les entreprises cherchant un changement d’échelle. C’est ce croisement d’expert média et de financier qui a mené à notre constat : nous voulons que le média devienne un outil de croissance pour les entreprises intermédiaires.

Qu’entendez-vous par « média » et pourquoi est-ce si complexe pour les PME ?

Oscar Péribère : Lorsque nous parlons de média, nous nous concentrons sur le haut du funnel, c’est-à-dire le paid média de qualité utilisé pour la notoriété et le branding. Il s’agit de l’achat d’emplacement publicitaire visant à faire connaître la marque, par exemple via des vidéos de 15 à 30 secondes.

Historiquement, l’achat de ce type de média est réservé aux annonceurs qui ont la capacité de se procurer les services d’une agence média. Ces agences sont nécessaires car elles connaissent la supply (l’inventaire publicitaire) et sont connectées. Malheureusement, les agences ne peuvent pas intégrer les plus petits annonceurs, car cela prend du temps et ces clients sont souvent exigeants.

Le média que nous rendons accessible est complexe car il se trouve dans des environnements crédibles et qualitatifs. Nous donnons accès à des supports longtemps réservés aux grandes marques : télé connectée, vidéos en ligne, affichage digital, audio, sites médias et réseaux sociaux. Nous voulons permettre aux entreprises de taille intermédiaire de se faire connaître, car la performance des campagnes de vente n’a rien à voir si la marque est déjà connue.

Comment utilisez-vous l’intelligence artificielle pour résoudre ce problème d’accessibilité ?

Charles Derréal : L’intelligence artificielle est la clé pour nous permettre d’automatiser le conseil. Hier, il fallait un expert média pour chacun des premiers contacts avec les clients. Demain, notre ambition est qu’Adélia, notre IA, soit connectée à l’entièreté de la supply et de la donnée.

Dès 2026, notre technologie pourra conseiller la marque en prenant en compte ses objectifs, sa position sur son secteur et l’activité de ses concurrents, afin de lui rendre le plan média parfait. Nous pensons que l’IA peut fournir un niveau d’expertise fiable et complet.

Oscar Péribère : Il est important de souligner que nous ne sommes pas un simple wrapper de LLM : nous sommes une entreprise de data science qui récolte et qualifie les inventaires. Le LLM permet l’humanisation de cette donnée propriétaire que nous constituons en arrière-plan.

Charles Derréal : De plus, l’IA intervient pour automatiser l’achat média en se connectant directement aux API des différentes plateformes. Cela permet de baisser les coûts et de rendre ces plans viables pour les entreprises intermédiaires.

Comment se passe la création d’une campagne, du conseil à l’achat, sur la plateforme Adelia ?

Oscar Péribère : Le processus a été ultra-simplifié grâce à l’UX. Nous estimons que si le client sait ce qu’il veut, cela prend environ 2 minutes pour générer un plan de campagne. Il commence par le briefing : le client arrive sur l’interface et peut déposer des documents (créas vidéos, présentations de la marque). Notre intelligence lit ces documents pour comprendre la marque, ses objectifs, ses produits et ses audiences. La deuxième étape est le plan média : l’IA pré-remplit un formulaire de manière intelligente et active un premier mix média en fonction du brief. Nous présentons un inventaire publicitaire ultra qualifié, que le client peut valider ou modifier en quelques clics.

Charles Derréal : La troisième étape est la validation et l’exécution : une fois le plan média validé par le client, un humain d’Adelia intervient pour prendre la responsabilité de l’achat. Enfin vient l’étape du suivi : après le lancement, le client dispose d’un dashboard de suivi très simple. Nous avons conçu Adelia pour qu’il puisse interagir avec elle et poser des questions complexes sur sa campagne (par exemple : « Combien d’impressions ai-je faites à Paris dans le 20e arrondissement ? »). L’idée est de simplifier l’interaction et d’éviter la perte de temps à demander des informations précises par mail, en fournissant des rapports ultra détaillés.

Vous n’êtes pas les seuls à viser les PME. Pourquoi cette cible est-elle considérée comme une grande opportunité ?

Oscar Péribère : Notre clientèle cible regroupe les ETI et PME (Entreprises de Taille Intermédiaire et Petites et Moyennes Entreprises, ndlr).

Si ce segment est particulièrement attractif, c’est parce qu’il représente une classe d’entreprise qui alloue de plus en plus de budgets aux plateformes de performance, mais qui a encore peu de maîtrise sur le branding et la notoriété (le haut du funnel). Il y a donc une opportunité de débloquer pour eux l’accès à cet inventaire et de leur permettre de toucher leurs consommateurs.

Charles Derréal : Le changement de paradigme vers le GEO (Generative Engine Optimization, ndlr), où les LLM recommandent davantage les marques qui travaillent leur notoriété en paid, va rendre ce travail essentiel même pour les plus petites marques. Nous voulons être l’acteur qui leur propose une stratégie complète et ambitieuse, au-delà des walled gardens connus comme YouTube ou Meta.

Qu’envisagez-vous concernant l’intégration du local, un aspect crucial pour les petites entreprises ?

Charles Derréal : Nous considérons le local comme un point essentiel pour l’avenir. Nous définissons d’abord l’audience du client, ce qui inclut sa zone géographique. Aujourd’hui, tout média branding est achetable en local, voire en hyperlocal.

L’outil permet déjà de définir une campagne dans un arrondissement précis de Paris, en ciblant par classe de population, centres d’intérêt, tranche d’âge, sur des supports comme la télé ou la vidéo. Notre objectif est que l’intelligence d’Adelia permette à une entreprise de Lyon, par exemple, de trouver les supports optimaux qui matchent son positionnement en touchant les bonnes personnes.

Quelles sont les prochaines étapes de développement pour Adelia ?

Charles Derréal : Nous avons annoncé le lancement, même si le produit n’est pas encore tout à fait prêt. Nous sortirons le produit que nous pourrons mettre dans les mains de nos clients fin octobre.

Notre objectif est d’avoir cinq design partners d’ici la fin de l’année. Début de l’année prochaine, nous allons certainement travailler sur une levée de fonds.

En fonction du succès, nous envisageons l’international d’ici la fin de l’année prochaine. L’ambition est de ne pas se contenter uniquement de la France, mais de couvrir l’Europe et potentiellement les États-Unis d’ici deux à trois ans, où les entreprises intermédiaires ont déjà l’habitude d’investir des volumes plus importants en marketing.

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