24 septembre 2025
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Autrefois, l’équation était simple : la famille se réunissait devant l’unique écran de télévision du salon. Aujourd’hui, ce modèle a volé en éclats. Nous vivons dans un monde où la vidéo se consomme partout, tout le temps : sur le smartphone dans les transports, l’ordinateur au bureau ou la tablette sur le canapé.
Cette fragmentation des usages est un véritable défi pour les marques qui cherchent à communiquer efficacement. C’est ici qu’intervient la mesure d’audience cross-vidéo, une approche indispensable pour naviguer dans ce nouvel écosystème complexe.
La raison d’être de la mesure cross-vidéo est ce morcellement de la consommation. Comme le souligne Magali Elbaz, Directrice Marketing digital France pour les marques du Groupe Seb, dans l’émission, nous sommes passés « d’un monde où (…) il y avait un écran qui rassemblait tout le monde à une consommation qui est de plus en plus morcelée ». Les consommateurs ne sont plus fidèles à un seul média mais sont présents sur une multitude de plateformes.
Ce changement est massif. Laurent Bliaut, Directeur Général Adjoint de TF1 Publicité, chiffre cet éclatement : pour certains programmes, jusqu’à 30% des audiences se font désormais en dehors de la télévision traditionnelle (ce qu’on appelle la consommation « délinéarisée » sur des services comme TF1+). Sans une mesure unifiée, une part énorme de l’audience devient invisible.
Pour les annonceurs, cette situation est un « vrai casse-tête », pour reprendre l’expression de Magali Elbaz. Leurs défis principaux peuvent se résumer en trois points :
Du côté des diffuseurs comme TF1, l’enjeu est tout aussi crucial. Ils doivent, selon Laurent Bliaut, « réconcilier » et « réunifier » leurs différents espaces publicitaires : celui de la TV linéaire classique et celui de leurs plateformes de streaming (comme TF1+).
Leur objectif principal est de prouver aux annonceurs que leurs offres numériques apportent une couverture d’audience supplémentaire significative, ce qu’on appelle dans le jargon le « reach » incrémental.
L’ambition ultime, comme le formule Julien Rosanvallon, directeur général adjoint de Médiamétrie, est de créer un « langage commun ». L’idée est de mettre en place un système de mesure équitable et transparent pour que tous les acteurs (annonceurs, agences, diffuseurs et plateformes) puissent évaluer la performance publicitaire sur les mêmes bases.
Selon Émilie Carcassonne, Directrice Générale France & Espagne d’AudienceProject, la mesure cross-vidéo actuelle repose sur la combinaison de trois approches technologiques distinctes :
La « difficulté fondamentale » de tout cet exercice, comme le souligne Laurent Bliaut, est la comparabilité. Or, aujourd’hui, les standards de mesure entre la TV traditionnelle et le digital sont radicalement différents.
Cette disparité n’est pas qu’une question technique : elle influence directement la perception du ROI. Sans standard commun, un annonceur pourrait croire à tort qu’un canal digital est plus performant simplement parce que le critère de « vue » est moins exigeant, menant à des allocations budgétaires potentiellement inefficaces.
Pour une marque comme le Groupe Seb, les avantages des nouvelles capacités de mesure sont directs et tangibles.
Pour un diffuseur comme TF1, cette mesure unifiée permet de démontrer la valeur de ses actifs numériques. Par exemple, Laurent Bliaut explique que des plateformes comme TF1+ permettent de rajeunir l’audience d’une campagne (« on rajeunit de 10 points sur TF1+ »).
De plus, elle permet de prouver que, malgré un CPM facial parfois plus élevé que la TV linéaire, le « coût au point de couverture » incrémentale sur le numérique est souvent très compétitif, justifiant l’investissement pour les marques cherchant à toucher de nouvelles audiences.
Le futur de la mesure cross-vidéo se dessine autour de plusieurs axes selon les invités de The TV Society :
A lire également : The TV Society : le rendez-vous qui décrypte l’avenir de la télévision et de la vidéo
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