26 mai 2025
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Donald Trump remonte au créneau pour forcer Apple à rapatrier la production de ses iPhone dans des usines américaines. Si rien ne change, le locataire de la Maison Blanche menace de lui imposer des droits de douane additionnels de 25% sur son smartphone vedette. “J’ai informé Tim Cook il y a longtemps que je m’attendais à ce que les iPhone vendus aux États-Unis soient fabriqués aux États-Unis, et non en Inde ou ailleurs”, justifie-t-il. Ses espoirs devraient cependant se heurter à la réalité: au-delà de coûts de production bien supérieurs, le pays ne possède ni la main-d’œuvre ni la chaîne logistique nécessaires.
La déclaration de Donald Trump contraste avec la position prise mi-avril, lorsque son administration avait exclu les smartphones du champ d’action des droits de douane de 145% sur les importations chinoises. Cette décision avait alors été interprétée comme un signe que le président américain ne souhaitait pas porter la responsabilité d’une importante hausse de prix.
La Maison Blanche assurait, elle, que l’objectif était simplement de laisser du temps aux fabricants, à commencer par Apple. Depuis, rien n’a avancé. Si la société de Cupertino a promis d’investir 500 milliards de dollars dans le pays en quatre ans, elle n’envisage pas d’y ouvrir des usines. Au contraire, elle a accéléré la relocalisation de sa production vers l’Inde, soumise à droits de douane inférieurs.
Assembler des smartphones aux États-Unis impliquerait une multitude de défis. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si aucune entreprise n’a tenté de le faire depuis que Motorola y a renoncé en 2014, quelques mois à peine après l’inauguration d’une usine au Texas. La marque américaine justifiait alors sa décision par des coûts de production plus élevés. Pour l’iPhone, le surcoût pourrait se chiffrer à 160 dollars par appareil, estime Wamsi Mohan, analyste chez Bank of America. D’autres estiment que celui-ci pourrait être encore plus élevé.
Les salaires ne représentent cependant qu’une toute petite partie de l’équation. Un obstacle plus important pourrait être de trouver des centaines de milliers d’ouvriers suffisamment qualifiés pour produire les 60 millions d’iPhone vendus chaque année sur le marché américain. Malgré les avancées de la robotique, l’assemblage réclame beaucoup de main-d’œuvre. Et nécessite ainsi de gigantesques usines-dortoirs, aux conditions de travail difficiles. Chaque iPhone contient notamment plus de 70 minuscules vis, qui doivent être serrées à la main faute de machines suffisamment précises.
Cet argument avait été avancé par Tim Cook en 2017. Si Apple continue d’y produire l’immense majorité de ses appareils, ce n’est pas en raison des salaires – qui sont encore moins élevés dans d’autres pays asiatiques. Mais en raison de “la concentration de savoir-faire en un seul endroit”, expliquait son patron. “Aux États-Unis, si vous organisiez une réunion d’ingénieurs en outillage, je ne suis pas sûr que vous réussiriez à remplir la salle. En Chine, vous pourriez remplir plusieurs terrains de football.”, avait-il ajouté.
Autre frein majeur: la complexité de la chaîne logistique. Un iPhone contient plus de 2.000 composants, principalement produits en Chine. Une grande partie restante provient de Corée du Sud et du Japon. Le processeur et le modem sont, eux, gravés à Taïwan. Assembler le smartphone aux États-Unis, à 10.000 kilomètres de ces fournisseurs, compliquerait encore davantage ce gigantesque Meccano industriel, provoquant des frais supplémentaires et de potentiels retards.
Sans compter que ces composants pourraient être soumis à des droits de douane, peut-être supérieurs au taux de 25% qui pourrait s’appliquer aux appareils assemblés, ajoutant des coûts additionnels. “Déplacer l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement de l’iPhone prendrait probablement de nombreuses années – si tant est que ce soit possible”, souligne Wamsi Mohan.
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