2 octobre 2025

Temps de lecture : 3 min

Google : pourquoi suivre sa visibilité au-delà de la première page devient compliqué

Dans cette chronique, Thomas Skowronski, VP Jellyfish Technology Solutions, s'interroge sur l'impact de l'IA générative sur le search, et en particulier de Google. La firme américaine non seulement modifie les usages, mais elle rend plus difficile la reproduction de sa page de résultats complète.

Afficher 100 résultats d’un coup n’est plus possible. Jusqu’ici, cette option gonflait artificiellement les chiffres : un site pouvait être compté en “impression” même s’il apparaissait tout en bas de la page 8 ou 9, là où presque aucun utilisateur ne va. Résultat, les rapports de Google Search Console semblaient montrer plus de visibilité qu’il n’y en avait en réalité.

Depuis que Google a bloqué ce paramètre, ces impressions fantômes disparaissent. Une analyse portant sur 319 sites montre que près de 88 % d’entre eux ont vu leurs impressions chuter. Non pas parce qu’ils sont devenus moins visibles, mais parce que la mesure reflète désormais davantage l’expérience réelle des utilisateurs.

Dans le même temps, AI Overviews a fait grimper le “zero-click” : la part de recherches qui ne conduisent à aucun clic sortant est passée d’environ 56 % à environ 69 % en un an (mai 2025, similaweb).

Les utilisateurs obtiennent la réponse avant de quitter Google et cliquent moins quand un résumé IA est affiché (8 % de visites avec clic vs 15 % sans résumé, étude Pew, mars 2025).

A lire également : La grande perte de contrôle de l’audience par les éditeurs face à l’IA

AI Mode : la recherche se transforme en conversation

En parallèle de ces restrictions, Google avance dans une autre direction : transformer l’expérience de recherche avec l’IA.

Avec AI Mode, Google propose une nouvelle façon de chercher. Concrètement, ce n’est plus une page de résultats classique, mais une conversation interactive. L’utilisateur peut poser plusieurs questions successives, demander des précisions et obtenir des réponses enrichies qui combinent texte, images ou vidéos.

A lire également : Google Overview vous inquiète ? AI Mode va vous terrifier

Ce mode est alimenté par Gemini, le modèle d’intelligence artificielle de Google. Il permet à la recherche de “raisonner” et d’ajouter des liens vers des sources jugées pertinentes uniquement quand cela apporte une valeur réelle.

La compétition ne se joue donc plus uniquement sur une liste de dix résultats, mais dans un dialogue continu que Google contrôle et dans lequel il choisit quelles sources mettre en avant.

Demain, cet espace ne sera pas seulement informationnel : il deviendra aussi transactionnel. L’AI Mode intégrera la possibilité d’acheter directement un produit, de réserver un billet ou de souscrire à un service depuis la conversation. La recherche se transforme ainsi en parcours complet, de la question initiale à l’acte d’achat, sans quitter l’univers Google.

A lire également : Google Marketing Live: que faut-il comprendre derrière les annonces ?

Google renforce ses défenses anti-scraping

Cette évolution côté interface s’accompagne d’un mouvement inverse en coulisses : Google renforce ses défenses contre l’extraction de données. 

Début septembre, Google a publié une offre d’emploi intitulée “Senior Engineering Analyst, Search, Anti-scraper”. Le poste avait une mission explicite : identifier, mesurer et contrer les extractions abusives de résultats de recherche.

L’annonce détaillait des compétences en détection d’abus, en analyse de données massives, et en compréhension fine du SEO. Autrement dit, Google recrute des profils capables de distinguer les usages légitimes des outils tiers de ceux des collectes massives opérées par des acteurs plus agressifs.

L’objectif est de rendre plus difficile toute tentative de reproduire la page de résultats complète en dehors de Google, que ce soit pour des outils tiers ou pour l’entraînement de modèles d’IA. 

Protéger l’index et le mode de présentation de l’IA

Google verrouille son écosystème. Son index reste son atout majeur face aux modèles concurrents : aucun autre acteur n’a la même couverture ni la même fraîcheur des données. 

En parallèle, Google protège aussi ses propres réponses IA, comme AI Overview et AI Mode, qu’il ne veut pas voir aspirées et réutilisées ailleurs. La logique est double : protéger l’index, qui est la matière première, et protéger la présentation IA, qui est devenue le produit final.

Ces restrictions ne visent pas directement les outils SEO, même s’ils en subissent les effets. L’objectif est de couper l’accès aux modèles concurrents, à la fois à l’index et aux résultats IA.

Par Thomas Skowronski, VP Jellyfish Technology Solutions

Allez plus loin avec Minted

LA NEWSLETTER

LES ÉVÉNEMENTS

LES ÉMISSIONS