19 February 2025

Temps de lecture : 3 min

Gary Abitan (Smile Wanted): “Un excellent ciblage contextuel, associé à des d’emplacements premium, permet aussi de faire de la performance”

L'adtech française Smile Wanted vient de mener sa première levée de fonds, d'un montant de dix millions d'euros. Neuf ans après sa création, elle enregistre une forte croissance, notamment aux Etats-Unis. Et elle ambitionne encore de doubler son chiffre d'affaires en deux ans. Entretien avec Gary Abitan, son cofondateur.

Smile Wanted vient de lever 10 millions de dollars. Pouvez-vous nous présenter votre activité ?

Gary Abitan: Smile Wanted a été créé en 2016. À l’origine, nous étions cinq cofondateurs. Notre équipe compte aujourd’hui 25 personnes. Nous sommes spécialisés dans la monétisation des sites web, avec une expertise particulière dans le développement d’algorithmes propriétaires de curation et de filtrage. Nous travaillons sur des technologies de machine learning. Depuis environ deux ans, nous intégrons également des modèles d’intelligence artificielle pour affiner nos inventaires et optimiser la monétisation des sites. Nos algorithmes sont cookieless. Ils sont conçus pour analyser en temps réel des signaux qui ne reposent pas sur des utilisateurs mais sur des emplacements publicitaires. Par exemple: la visibilité, le taux d’engagement, l’attention… Cela nous permet d’orienter les inventaires publicitaires vers des acheteurs qui cherchent des KPI très spécifiques en termes de performance.

Notre solution est surtout une création de valeur pour les éditeurs car nos algorithmes sont tellement granulaires que nous pouvons valoriser à la juste valeur les emplacements que nous monétisons. Nous avons développé une marketplace de sites qui compte plus de 3000 domaines premium dans le monde. En France, nous collaborons avec le groupe Marie Claire ou encore le groupe 366. Aux Etats-Unis, nous travaillons avec Newsweek. Plus de 80% de notre activité est aujourd’hui internationale, portée par le marché américain. Notre objectif est de scaler notre activité, d’aller chercher toujours plus d’inventaires notamment dans de nouvelles géographies.

Votre approche repose sur l’analyse contextuelle, sans utiliser de données personnelles. Pensez-vous que cela représente une approche complémentaire ou alors une alternative au ciblage traditionnel ?

Nos outils peuvent être complémentaires du marché du programmatique. Si je prends l’exemple d’un trader qui utilise un DSP, il a déjà la capacité de faire du ciblage d’utilisateur. Mais nous pouvons lui permettre d’orienter son ciblage, qui repose ou non sur des cookies, vers des emplacements premium et qualifiés. Nous intervenons au bas de la chaîne de monétisation pour orienter les traders qui veulent de la performance.

Neuf ans après votre création, c’est la première fois que vous levez de fonds. Pourquoi le faire maintenant ?

Pendant des années, nous étions sur la première vitesse. Nous avons atteint la deuxième. Nous voulons maintenant passer à la troisième vitesse. Le soutien de fonds d’investissement va nous permettre d’accélérer sur le recrutement de profils seniors en France et à l’international. Cela va aussi nous permettre de consolider les liens avec nos clients existants, qui souhaitent être rassurés sur notre fonds de roulement.

Vous avez réalisé 20 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024. Quels sont vos prochains objectifs ?

Notre croissance a été très rapide, avec un chiffre d’affaires qui a presque doublé d’une année à l’autre. Elle vient principalement des Etats-Unis, qui sont un marché porteur, cent fois plus grand que la France. Nous avons testé le marché il y a deux ans et demi. Les débuts ont été très bons et le bouche à oreille a fonctionné, nous permettant de recevoir des leads entrants d’éditeurs qui voulaient travailler avec nous. Notre objectif est de doubler notre chiffre d’affaires à horizon deux ans. Et pourquoi pas plus avec le peaufinement de nos algorithmes grâce à l’IA.

Nous travaillons aussi depuis un an sur une plateforme de curation contextuelle internationale que nous avons déjà présentée à des éditeurs de premier plan au Japon, en Inde ou en Croatie. Celle-ci viendrait compléter notre offre de curation KPI. La curation contextuelle se développe rapidement, car elle permet d’anticiper une potentielle fin des cookies ou des modifications des environnements cookifiés. Nous avons envie de prouver qu’un excellent ciblage contextuel, associé à des ciblages d’emplacement premium, permet aussi de faire de la performance. Et ainsi se rapprocher des performances que les annonceurs ont pu obtenir pendant des années avec les cookies.

Vous n’avez pas encore ouvert de bureaux aux États-Unis. Est-ce que cela fait partie de vos projets ?

Aujourd’hui, nous travaillons avec des consultants expérimentés aux Etats-Unis qui nous ouvrent leur réseau, en mode apporteur d’affaires. Le système marche parfaitement aujourd’hui. Nous allons accélérer sur les road shows aux États-Unis – mais aussi à Londres et en Asie. Ouvrir un bureau ne fait pas encore partie de nos projets. Peut-être l’année prochaine. Le problème c’est qu’il faudrait plusieurs bureaux dans le pays, ce qui coûterait des millions de dollars. Nous ne sommes pas encore pressés car nous pouvons encore développer notre activité aux Etats-Unis depuis Paris.

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