Exclu Minted : l’adtech française Manadge revendue 6 millions d’euros à Triton Digital


  • L’adtech fondée en 2019 par Nathan Venezia rejoint le giron de ce géant américain de l’audio digital. On vous dit tout sur les contours du deal et des synergies que les deux sociétés ambitionnent de mettre en place.

Les Cannes Lions sont souvent l’occasion d’amorcer certains deals à l’abri des regards… mais aussi d’en officialiser. Et c’est, selon nos informations, l’adtech française, Manadge, qui s’apprête à annoncer rejoindre le giron du géant américain de l’audio digital, Triton Digital. Le montant de l’opération, que vous ne lirez sans doute pas dans le communiqué d’annonce, est de 6 millions d’euros. Une belle valorisation pour une société qui avoisine le million d’euros de chiffre d’affaires et qui propose aux éditeurs une solution de gestion de leurs revenus publicitaires. 

Lancé en 2019 par un ancien d’Altice Media Ads Connect, Nathan Venezia, et son CTO, Raphaël Tronc, Manadge s’était spécialisé dans la gestion des deals programmatiques display, avant d’élargir son offre aux autres sources de revenus des éditeurs, l’open auction et le gré à gré, sur l’ensemble des formats (display, vidéo, natif, audio). Son rapprochement avec Triton Digital, géant mondial de l’audio… mais géant sur un seul des pans de cette offre, peut donc en surprendre certains (c’était mon cas). Triton Digital, dont l’offre s’articule autour de plusieurs briques (content management, analytics et publicité), s’achète-t-il un savoir-faire et une techno qui viendront renforcer le pilier publicitaire pour asseoir sa position dans l’audio ? Oui… mais pas que, rassure son CEO, John Rosso, qui, précise d’emblée à Minted, que “Manadge continuera à proposer sa solution à tous les éditeurs, qu’ils soient clients de Triton Digital ou non.” 

 “Manadge continuera à proposer sa solution à tous les éditeurs, qu’ils soient clients de Triton Digital ou non” 

“L’audio est le média en plus forte croissance aujourd’hui (même s’il part de très bas, ndlr)”, ajoute de son côté, Nathan Venezia, pour qui “se rapprocher avec un géant du format était une évidence.” Surtout que Manadge et Triton Digital se connaissaient déjà, vu que l’adtech française a développé un connecteur avec la brique SSP de Triton Digital et qu’elle accompagne aussi quelques poids lourds de l’audio, comme Deezer ou Lagardère Publicité, et des acteurs du print qui s’y mettent sérieusement, comme Prisma Media, Media.figaro ou encore Reworld Media. Des acteurs qui, cela ne vous aura pas échappé, sont tous français. Et c’est là l’une des raisons essentielles de ce deal : aider Manadge à accélérer hors de ses frontières alors que près de 70% de son chiffre d’affaires provient aujourd’hui de l’Hexagone. 

“Triton Digital travaille avec près de 900 publishers aux quatre coins du monde”, rappelle Nathan Venezia. Ce deal assure donc à l’adtech française une porte d’entrée auprès de tous les clients de Triton Digital mais aussi de pouvoir s’appuyer sur la force commerciale de l’Américain (qui est présent dans 80 pays) pour aller en chercher d’autres. Un changement d’échelle évident pour Manadge dont le développement reposait jusque-là sur les épaules de ses… 2 commerciaux. Le marché américain, dont Triton Digital est leader sur l’audio, devient par exemple beaucoup plus accessible à Manadge. 

John Rosso, qui est basé à New York, en devient le CEO alors que Benjamin Masse, qui partage son temps entre Londres et Paris en tant que chief product officer de Triton Digital, devient, lui, managing director de Manadge. Nathan Venezia pourra, lui, se concentrer sur ce qu’il a toujours aimé faire : “réfléchir à de nouveaux produits pour Manadge.” Et de prendre l’exemple de son offre Trends, qui permet aux éditeurs d’accéder à un benchmark de leur secteur (les campagnes en cours, les performances moyennes de ces dernières). Un produit qui n’existe pas (encore ?) pour l’audio. 

Les équipes de Manadge seront évidemment mises à contribution pour aider Triton Digital à muscler son offre en matière de reporting publicitaire. John Rosso ne s’en cache pas, qui parle spontanément de ”acqui-hiring”, ce terme en vogue dans la Silicon Valley pour labelliser une acquisition qui a pour but de racheter le savoir-faire d’une équipe (plus que son revenu ou sa part de marché). “L’équipe de Nathan a acquis des compétences en matière de data analyse qui vont vraiment nous permettre d’accélérer sur le sujet.” 

Rappelons d’ailleurs que, si Triton Digital reste une société “audio first”, la plateforme a développé quelques formats complémentaires sur la bannière display et la vidéo, pour enrichir l’offre de ses clients. Puisque la consommation audio se fait de plus en plus souvent dans des environnements comme le desktop, la tablette ou le smartphone, au sein desquels l’aspect visuel peut venir renforcer l’efficacité d’un message publicitaire audio.