20 juin 2025

Temps de lecture : 4 min

Pourquoi 366 veut lancer une plateforme adtech

La rédaction de Minted est à Cannes cette semaine pour vous faire vivre les Cannes Lions. L'occasion de rencontrer des acteurs du secteur pour des interviews vidéo. Entretien avec Thibaud Chevalier, directeur digital de 366.

Aux Etats-Unis, certains sites constatent une baisse assez importante de leur trafic à cause de l’essor des chatbot d’IA. Constatez-vous aussi ce phénomène chez 366 ?

Pas encore. En tout cas, ce n’est pas quelque chose qui m’inquiète aujourd’hui. Et je trouve ça plutôt rassurant: les médias touchés sont ceux qui n’ont pas un contenu exclusif. C’est clairement notre marque de différenciation que nous assumons. Nous avons un certain nombre de cartes de presse sur l’intégralité du territoire. L’information qu’on produit, qu’on propose à nos lecteurs est exclusive. C’est ce qui fait qu’on a encore une forte traction et nos audiences sont bonnes. Nous sommes devenus la première régie publisher de France. Nous passons maintenant systématiquement les 10 millions de visiteurs uniques par jour, les 35 millions de visiteurs uniques par mois. Nous sommes plutôt dans une dynamique très positive au niveau des audiences. Et je pense que les gens, dans leur désir d’information aujourd’hui, accordent une grande confiance dans l’information de proximité parce qu’ils connaissent les journalistes qui sont à côté de chez eux.

En mars, vous avez lancé Lumière, un pôle de production de contenus pour les marques. À quelle logique répond cette nouvelle offre ?

Nos objectifs de développement de chiffre d’affaires passent principalement autour du digital. Et dans le digital, nous avions une volonté de muscler notre offre opérations spéciales, qui était déjà existante, mais de la fédérer autour d’une seule et même marque qui est Lumière. Nous défendont une information exclusive, locale, nationale. Ce discours est également fortement porteur de valeur pour les marques parce que nous parlons d’authenticité, des régions, des terroirs et du territoire. Nous sommes convaincus de pouvoir aller plus loin dans l’exploitation de cette territorialité dans nos opérations spéciales. C’est dans cette optique que Lumière a été créé. C’est un pôle opérations spéciales, mais c’est avant tout un pôle de production de contenus. Il y a d’énormes enjeux, notamment autour du développement de la vidéo. Nous sommes aussi en train de faire évoluer la régie sur une proposition de valeur beaucoup plus importante sur le B2B. Nous avons la chance d’adresser des décideurs en région, des gens qui créent des entreprises, qui créent des emplois. Et donc nous sommes extrêmement légitimes pour adresser aussi toutes ces problématiques du B2B.

En parlant de vidéo, tous les publishers investissent dans le domaine. Pourquoi est-ce important pour les publishers ?

Le pivot vers la vidéos a déjà été effectué il y a quelques années. D’abord, pour répondre à une demande. Nous sommes un média d’écrit, et c’est important de le rester pour prendre le temps de lire l’information et de la décrypter. Mais la vidéo peut être extrêmement complémentaire du récit narratif écrit. Nous demandons aujourd’hui aux rédactions, dès lors qu’elles écrivent un article, de produire une vidéo qui est associée à cet article. Cela donne une information qui est complémentaire.

Plus spécifiquement sur nos audiences, la vidéos est très important pour fédérer des audiences plus jeunes, qui sont surconsommatrices de ce format. Et d’ailleurs, la vidéo, on la fait historiquement toujours en format paysage, mais on développe de plus en plus l’expérience vidéo verticale en s’inspirant de ce qui se fait sur les réseaux sociaux pour le dupliquer sur nos médias propriétaires. Pour répondre aux besoins des jeunes, il faut s’adapter à leurs codes de lecture. D’autre part, 90% de nos audiences qui sont mobiles, donc il faut développer des contenus vidéo en vertical qui répondent aux devices.

La dernière dimension, est commerciale. Début juillet, les chiffres de l’observateur de l’e-pub montreront que la vidéo fait plus d’un milliard largement de chiffres d’affaires. Elle prend plus de 50% de marché du display. Normalement, ça devrait s’accélérer. Donc on est obligé forcément d’être sur ces segments qui sont porteurs.

Un petit mot sur la plateforme adtech que vous allez lancer au deuxième semestre

Notre ambition est de créer une plateforme à destination des acheteurs. Les acheteurs ont envie d’accéder aux inventaires de la proximité. Nous voulons leur faciliter la vie, pour leur faire gagner du temps dans un monde programmatique qui se recomplexifie un petit peu. Et surtout leur apporter de la valeur ajoutée.

Cela passera à titre d’exemple par de l’intelligence artificielle pour de l’aide au développement de création, comme de personnalisation selon la géolocalisation. Nous souhaitons aussi mettre à disposition du partage de la data, soit en pré-campagne, soit en post-campagne. Nous avons un panel propriétaire de 60.000 répondants, qui est une super source d’information. Nous pourrons le mettre à disposition dans la plateforme et apporter de la valeur ajoutée aux marques avec lesquelles on travaille au quotidien.

Enfin, il y a un enjeu de souveraineté. Le print d’une manière générale, ce n’est pas spécifique à 366 a été le premier média à s’ouvrir au programmatique, avec le fait d’avoir multiplié les chemins d’accès aux inventaires. La conséquence a été de la dépréciation de valeur. Nous avons initié ce mouvement il y a déjà deux ans de, en sélectionnant les partenaires avec qui on travaille pour regagner de la valeur. Sur cette plateforme, il y a une idée de sanctuariser les chemins d’accès aux inventaires de la proximité, donc aux inventaires de 366, parce qu’on pense que c’est aussi comme ça qu’on va regagner de la valeur.

Notre projet sera bien évidemment ouvert à d’autres publishers. L’idée étant plutôt de faire une plateforme qui soit la plus massive possible, pour qu’on soit un one-stop shop à destination des agences. Mais il y a un point qui ne changera pas, c’est que cela restera une plateforme qui défendra des médias dont le cœur de métier, c’est l’information. Voilà, ça c’est extrêmement important pour nous. C’est dans notre raison d’être et ça ne changera pas même avec cette l’arrivée de cette plateforme.

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