- C’est l’heure du bilan, à l’approche de ces vacances d’été. Nous avons profité de la sortie de l’Observatoire epub du SRI et du baromètre du programmatique d’Alliance digitale pour interroger les membres du club Minted sur leur vision de notre marché.
Erwan Lohezic (3qtz) : croissance, j’oublie tout
Un chiffre à retenir selon moi : +14% de croissance au premier semestre 2024. Malgré un climat ambiant difficile (guerre en Ukraine, inflation…), le marché reste sur une dynamique très forte. Ce même si beaucoup de cette croissance reste captée par les mêmes acteurs.
Une “surprise” quand même : le fait que le social et le display tirent cette croissance, avec notamment la vidéo qui booste ces deux leviers. On a donc eu droit à un premier semestre tourné vers le mid et haut de funnel et ce n’était pas forcément attendu eu égard à la morosité de l’économie et ce qui était annoncé fin 2023 ! Attention tout de même au retour de bâton sur le second semestre, qui pourrait se contracter et se tourner à nouveau vers la recherche de performance immédiate. Wait and see !
Clément Bascoulergue (IAS) : le social et Performance max, grands gagnants du premier semestre
Malgré des défis importants liés à la désinformation notamment, le social superforme encore cette année. Tandis que Google catalyse une part de plus en plus importante des investissements programmatiques suite au lancement de Performance Max. Le marché doit veiller à accompagner cette croissance d'une mesure fiable afin d'assurer le niveau de transparence attendu face aux enjeux de responsabilité et de risque de marque
Erwan Le Page (Mediasquare) : la vidéo pour relancer les sites d'infos ?
Sans surprise, le marché publicitaire poursuit sa concentration sur les plateformes et conforte la place essentielle de la vidéo. A ce sujet on peut saluer les performances assez remarquables des broadcasters, portés par un marché TV en pleine forme, qui profite aussi aux nouveaux venus en vidéo comme Amazon. Pour les sites d'infos, malgré des audiences en hausse, la progression et la valeur du format vidéo varient fortement selon qu'il s'agit ou non d'instream. C'est la raison pour laquelle nous déployons un nouveau format de vidéo verticale, pour proposer une nouvelle intégration instream pertinente pour l'usager avec une exposition optimale pour les annonceurs.
Jérôme Cauchard (MakingScience) : le dynamisme de la VOD
Actuellement, le segment de la VOD, incluant l’AVOD, la SVOD et la BVOD, se distingue comme le plus dynamique du marché. La BVOD, en particulier, sur-performe le marché. Elle attire de nombreux nouveaux annonceurs et affiche des résultats exceptionnels.
Cette tendance indique une véritable renaissance du potentiel publicitaire de la télévision, mais sous une forme nouvelle et hybride. Nous observons une complémentarité entre les formats linéaires traditionnels et les formats non linéaires, complémentant ainsi les plans médias des annonceurs.
Cette complémentarité permet aux annonceurs de toucher un public plus large et diversifié, en combinant la TV linéaire et non linéaire. Cela crée des opportunités publicitaires inédites et optimise l'impact de leurs campagnes.
Vincent Salini (FranceTVPub) : Après les “années mobiles”, les “années CTV” ?!
L’instream TV connaît l’une des plus fortes croissances tous leviers confondus de ce 1er semestre, à + 32%. L’écran TV, sujet de toutes les convoitises, a encore de beaux jours à venir. En témoignent l’arrivée de nouveaux acteurs Hvod (Amazon, par exemple), la confirmation des velléités des acteurs Avod pour cet écran (en premier lieu YouTube), mais également et surtout le dynamisme de la famille Bvod (dont France.tv), qui affiche une très belle croissance de +31% sur ce premier semestre 2024, à plus de 153 millions d’euros.
En pesant 29% du marché vidéo (hors social) et en hausse par rapport à 2023, les acteurs Bvod n’ont pas dit leur dernier mot !
Sarah Reveillard (Didomi) : le succès d'Amazon Video Ads
Cela confirme une tendance que nous avons également observée chez Didomi. Nous constatons une augmentation notable des demandes concernant la mise en conformité de la collecte des consentements sur les environnements Connected TV (CTV).
Cette hausse est également liée aux nouvelles exigences de Google, qui obligent les éditeurs à utiliser une Consent Management Platform (CMP) certifiée, comme Didomi, pour garantir une collecte de données conforme. La collecte de consentement, étape essentielle pour le lancement des campagnes publicitaires, illustre la montée en puissance de la CTV dans l'écosystème de l'adtech.
Guilhem Bodin (Converteo) : le retail media doit encore faire ses preuves
Le retail media fait couler beaucoup d’encre, il n’y a aucun doute sur le fait qu’il s’agisse d’une évolution majeure dans l’industrie de la publicité. Cependant ce chiffre de 1% de la croissance du display, de la vidéo et des opérations spéciales dans le retail media en dit long sur la maturité de ce canal et l’interprétation qu’en fait les annonceurs. Si ce fameux 1% fait tache face à la croissance des +25% du retail search, il pointe surtout du doigt que les distributeurs ne sont qu’au début de l’aventure.
Cela soulève de nombreuses questions : La data comportementale des distributeurs a-t-elle de la valeur pour les annonceurs ? Les stacks technologiques sont-ils disponibles et maitrisés ? Les offres sont-elles prêtes ? La mesure de la performance est-elle au standard des canaux équivalents hors retail media ? … Avec un inventaire search rapidement saturé, les acteurs du retail media doivent impérativement travailler à la diversification de leurs offres et à la valorisation de leurs assets hors moteur de recherche, s’ils veulent suivre la trajectoire du leader Amazon.
Nicolas Thorin (Audion) : l’audio croît (encore et toujours)
Avec plus de 28% de croissance, l’audio digital reste le format display digital à la plus forte croissance, ce depuis maintenant plus de 4 ans. L’audio digital est irrévocablement la vidéo des années 2020 avec un nombre d’annonceurs qui ne cesse d’augmenter chaque semestre.
Mais il est maintenant crucial que les investissements suivent la forte croissance des audiences (sur tous les leviers : plateformes musicales, live radio, podcasts, audio gaming…) pour que ce format, encore sous-investi, le soit à sa juste valeur
Florent Couton (Havas Media Network) : ce que les chiffres ne disent pas
Concernant la baisse des CPM vidéo de 5% donnée par le baromètre d’Alliance Digitale, nous attirons votre attention sur le périmètre de l'étude. Elle ne prend pas en compte les chaînes TV, YouTube et Amazon entre autres… Les données remontées restent donc incomplètes.
La transformation en cours des chaînes traditionnelles, qui se tournent vers le streaming avec le lancement de nouvelles plateformes, la multiplication des achats en non skippable sur YouTube et l'arrivée de Prime Video en avril, ont eu un impact certain sur les CPM vidéo marché. Impact, qui ne peut aujourd'hui être visible sur cette seule stricte lecture.
Même constat pour la croissance de la vidéo, qui est de 19%, et pourrait être encore plus élevée en intégrant YouTube, Amazon et les chaînes TV entre autres. Le branding au travers de la complémentarité TV prend toujours plus de poids dans le mix média des annonceurs.
Dernier point : un décrochage de 6 points de DV360 en trompe l'œil ! La plateforme propose en exclusivité YouTube et l'accès à la quasi-totalité de l'univers vidéo dont les chaînes TV : 2 périmètres non mesurés par le baromètre. Au regard de la dynamique de ces inventaires portée par l'essor de la CTV et l'arrivée de nouvelles plateformes développées par les chaînes traditionnelles, ce pourcentage ne reflète pas la réalité du marché dans son ensemble. La corrélation avec Google Ads est encore plus trompeuse tant les périmètres sont éloignés même si des sujets peuvent exister sur YouTube spécifiquement.